Ce matin, quand j'ai pris Clarck dans mes bras pour le porter jusqu'à la voiture, il s'est montré joyeux, lui qui depuis une heure geignait presque en permanence.
L'attrait de la promenade se révélait un antalgique plus efficace que le Tramadol!
Quelques kilomètres avant d'arriver au cabinet véto, il manifestait déjà son impatience.
Clarck a toujours eu cette perception du champ magnétique terrestre qui lui permettait de savoir où il était. Des années après le départ de Tata, il réagissait si ma route m'amenait à passer par Arcey.
Ce matin, je ne m'étais pas encore garé qu'il trouvait encore des forces pour se dresser et se préparer à revoir sa grande copine véto. J'ai eu juste le temps de le rattraper quand j'ai ouvert la porte arrière car, à la force de ses deux pattes encore fonctionnelles, il se lançait dans le vide pour sauter à terre.
La gorge serrée, les yeux pleins de larmes, j'ai plongé mon regard dans le sien pendant que l'hypnotique faisait son effet et c'est dans un dernier spasme que sa tête est retombée à jamais.
Adieu l'ami! Adieu grand con! Adieu tête à Clarck!
Roucoulou et moi, avons été frappés de la beauté toute particulière qui se dégageait de lui au cours de ses derniers jours: même à l'agonie, sa prestance était intacte, voire magnifiée. Quelle présence dans ce regard, pétillant d'intelligence!
Oui Myriam, leur vie passe bien trop vite...
Mais quel privilège de l'avoir eu à mes cotés, même si je l'ai maudit plus d'une fois avec ses "évasions surprises".
Clarck, c'était quelqu'un!
Il est toujours là: il se repose...