MARLEY, croisé FOX x JACK RUSSEL, 4 ans

courriel adressé à la SPA d'Allondans


Bonjour Corinne,

Je profite de ce premier contact de l'année pour vous présenter mes meilleurs voeux, à vous, vos proches et votre équipe.


J'ai pris en charge MARLEY depuis deux jours. Il s'agit d'un croisé Fox Terrier x Jack Russel.

Il y a quatre ans, sa jeune maîtresse, après avoir connu la douleur de perdre l'enfant qu'elle portait, s'est totalement reportée sur le chiot qui avait alors croisé sa route.

Marley étant le premier chien de sa vie, elle commit un certain nombre d'erreurs qu'exploita très vite le chiot. Avec le caractère bien trempé que lui confère de telles origines, il se transforma très vite en sauvageon despote. Les tentatives de la jeune fille de prendre le contrôle de son quotidien se heurtaient à des grondements d'intimidation qui, pris au sérieux par sa maîtresse impressionnée, ont permis à Marley d'asseoir sa position de chef de meute.

La certitude qui était celle de Marley d'occuper la place de l'alpha s'est d'ailleurs très vite illustrée par le fait qu'il s'autorisait, du droit qu'il pensait être le sien, à "menacer, voire pincer" son entourage immédiat, puis le voisinage.

Tout cela est assez "classique" et la situation n'est pas imputable au chien, mais à ses détenteurs inexpérimentés.


L'arrivée récente d'une petite fille dans la vie de sa maîtresse déclencha chez lui des comportements dont le but était évident: évincer l'intruse qui captait l'attention de SA femelle.
Ce fut ce qui conduisit Mlle P. à prendre, la mort dans l'âme, la décision de se séparer de son "bébé chien". Et c'est pourquoi elle me contacta tout récemment.


Inutile de vous dire que Marley, une fois entre mes mains, comprit très rapidement qu'il avait changé de planète. C'est un chien très intelligent qui a appris à manipuler les humains. Les séances de câlins qu'il peut provoquer sont motivées par ses velléités de prise de pouvoir et de dominance sur le détenteur.
Marley est un chien normal, victime des projections anthropomorphiques de sa maîtresse et a seulement besoin d'un maître qui ne reproduise pas les mêmes erreurs, pose un cadre qui le place hiérarchiquement à la place qui doit être la sienne, tout en gagnant sa confiance. Certaines réactions de peur quand on arrive dans son dos me font évoquer de possibles corrections physiques antérieures... qui, si c'est le cas, ont été de plus sans résultat positif.

Depuis son arrivée ici, Marley, me percevant imperméable à la façon de se comporter qui lui a si bien réussi jusqu'à aujourd'hui, me suit docilement et n'a jamais tenté de se rebeller contre moi.
La principale difficulté rencontrée avec lui est l'exécution du rappel et c'est pourquoi je laisse un mètre de chaînette accroché à son collier. Il me suffit de poser le pied sur l'extrémité pour prendre le contrôle et Marley, dès qu'il sent la tension sur le collier, accepte la situation.
Si on tente d'approcher la main pour le saisir directement par le collier, il se recule et aboie pour protester. Aucun réel danger à craindre: je pense que Marley n'est pas un chien mordeur (sauf situation qui le paniquerait totalement et encore, ce n'est pas du tout certain).

Coté congénères, après une première phase de panique devant une situation peu familière (même avec ceux qui l'appelaient au jeu), Marley a voulu pousser ses pions en tentant d'imposer sa volonté d'enfant gâté, mais toutes ses tentatives de défier les autres lui ont valu de se faire renvoyer vertement dans ses buts.
Quand il s'est hasardé à ignorer les avertissements, il s'est logiquement fait corriger (sans gravité) par celui qu'il cherchait à soumettre.
Marley, piaillant comme un chiot sous les coups de crocs, contrastant ainsi avec ses aboiements préalables de défi, rauques et sonores, a très vite cherché refuge auprès de moi...

Les choses se mettaient donc très vite en place et tous les espoirs étaient permis. Rendez-vous fut pris pour la primo, car l'idée même de l'emmener voir un véto relevait de l'inimaginable pour sa maîtresse.

Hélas, mes installations ne me permettent pas de conserver Marley dans des conditions de sécurité suffisantes.
Impossible pour moi de le garder car il est capable de tordre à la force de sa mâchoire les grilles de chantier de mon parc à chiens et s'évade.
Heureusement, le changement d'attitude des autres chiens m'a aussitôt alerté qu'il se passait quelque chose et j'ai pu me rendre compte immédiatement de la fugue.
Il m'a quand même fallu le suivre pendant une bonne demi-heure avant de réussir à attraper l'extrémité de la chaînette. Dès que Marley a senti qu'il était pris au piège, il s'est soumis et a cessé d'aboyer comme il le faisait pour tenter de m'intimider.

Marley est un chien de chasse qui a besoin d'exercice et qui n'en n'a jamais eu véritablement. Monter en voiture est quelque chose qui lui était quasiment inconnu et donc pas associé à l'idée d'une promenade. Les rares sorties se faisaient en laisse courte et autour du domicile. Depuis son jeune âge, il a donc pris l'habitude de s'offrir des échappées qui sont devenues un mode de fonctionnement accepté par ses détenteurs qui se sont résignés à accepter la situation.

Après sa première fugue, j'ai rallongé la chaînette pour y fixer une tige métallique destinée à se bloquer contre la grille quand Marley tenterait une nouvelle évasion. Il fallut à peine un quart d'heure pour tester l'efficacité de mon stratagème...
Marley, manifestant avec rage en constatant qu'il était pris sur le fait et bloqué, a failli se faire rosser par ses congénères, témoins de la scène et CRS volontaires. Ces tentatives de désobéissance répétées lui attirent les foudres du reste de la meute qui veulent le punir et le remettre dans le droit chemin. J'ai un malinois fraîchement arrivé qui fait tout son possible pour briller à mes yeux et qui l'a pris en grippe. Je dois donc surveiller en permanence que Marley ne se fait pas violemment rééduqué par ses congénères: fonctionnement normal de la meute, efficace, mais pas sans dangers pour le petit rebelle et réclamant donc toute ma vigilance, avec les conséquences chronophages qui en découlent...

De plus, une maison est en construction juste à coté de chez moi et le moindre coup de marteau des ouvriers déclenche les aboiements prolongés de Marley. Mes voisins s'en émeuvent, à juste titre...

Je me suis donc finalement dit que mieux valait passer la main et ai suggéré à Madame P. et sa fille de vous contacter. Carole D. saura, lors de ses visites à Allondans, gérer et vous conseiller. Marley est un brave chien, intelligent que la vie a mis entre les mains d'une gamine qui voulait un bébé de substitution et qui n'avait même pas conscience qu'elle adoptait un chien de chasse qui tôt ou tard réclamerait autre chose qu'un canapé.

En vous remerciant et en restant à votre disposition, je vous adresse mes bien cordiales salutations.

Philippe

Le transfert est prévu pour le jeudi 27.
D'ici là, le séjour de Marley au sein de la meute ne pourra que lui être bénéfique.
Dommage que je n'ai pas encore pu "blinder" mes haies, comme Tata avait pu le faire à Arcey.

c'est un peu l'histoire de Django

Tout à fait ....
C'est une situation "classique" qui aboutit à systématiquement incriminer le chien qui "ne marche pas", alors qu'il est victime de la méconnaissance du monde canin de la plupart des détenteurs et de leurs projections anthropomorphiques.

Aujourd'hui, j'ai commencé à travailler le rappel avec Marley et les résultats sont prometteurs. Chaque jour apporte son lot de changements car Marley est très intelligent et s'adapte vite à son nouvel environnement.

Nous avons fait deux longues promenades: l'une dans le village, l'autre en pleine forêt. Marley était tenu en laisse à enrouleur de huit mètres. Ce qui lui permettait de se déplacer comme en quasi totale liberté.

Plusieurs fois, alors qu'il se trouvait en bout de laisse, je le rappelais joyeusement et l'encourageais de la voix à revenir vers moi. Ce qu'il a fait de bon cœur.

Ma récompense se limitait à de chaudes félicitations, ponctuées de quelques caresses. Plus efficace que les friandises, la satisfaction affichée du maître!

Quel dommage de ne pas avoir les structures parfaitement adaptées à sa garde car c'est un vrai bonheur de voir se profiler le brave toutou qui dort au fond de lui.

Marley s'est adapté très vite et se révèle un toutou vraiment très sympa.

Rien à voir avec le despote agressif qu'on m'a décrit!

Non seulement, désormais il revient joyeusement jusqu'à moi quand je le rappelle, mais il cherche à attirer mon attention quand j'en félicite un autre: "Moi aussi, je suis sage!". Le cadre est posé.

Son cas démontre, s'il en était encore besoin, que c'est le détenteur qui fait le chien.
Quel dommage que son gabarit lui permettre de passer de l'autre coté de la grille: l'appel du large pour lui qui n'a jamais eu son content d'exercice!
Hier, nous avons fait deux heures de marche dans les forêts enneigées. Son bonheur faisait chaud au coeur et à l'arrivée, il en redemandait.

J'espère qu'Allondans se montrera aussi sélectif dans le choix de l'adoptant que je l'aurais été.

Ce matin, pas de chasseurs, les autres à la messe ou au bistrot ... les pâtures désertes nous tendaient les bras pour une longue promenade dans la bise tonifiante.

Dix fois, j'ai failli craquer et enlever la laisse à enrouleur du collier de Marley.
Tablant sur l'effet de meute et sur notre relation qui se renforce un peu plus chaque jour, cela aurait pu être jouable.
Mais, j'ai préféré opter pour la prudence. Je vieillis certainement...

Le voir lancer des appels au jeu à la grande sauterelle Maya (qui ne demandait que ça) et être brutalement bloqué au bout de huit mètres alors qu'il était parti comme une fusée aux trousses de sa copine de jeu... quelle tristesse!

Je reconnais que j'hésite vraiment à le garder. Je voudrais être tellement certain qu'il tombe entre de très bonnes mains.
Les jours à venir me diront s'il essaie toujours de s'échapper ou s'il nous a adoptés et décidé de poser ses valises ici.
Les 65 ares de terrain à sa disposition sont plus que suffisants pour lui permettre de se dépenser.
S'il persiste à vouloir aller ailleurs, c'est qu'il ne se sent pas (encore) intégré dans son nouvel environnement.

Bonne bouille. Marley ne t'enfuis pas car tu es dans un lieu paradisiaque pour de bonnes et belles promenades.

Si seulement Marley pouvait rester vers toi car la SPA se rempli de semaine en semaine. Il y a beaucoup de mâles et les femelles semblent être privilégiées par les adoptants ! D'autre part j'ai toujours une interrogation quand à l'intérêt de refuser des adoptants qui vivent dans un logement plutôt que dans une maison ! Les jeunes sont trop jeunes, au chômage, s'ils travaillent ils n'ont pas le temps de s'occuper du chien. Les vieux sont trop vieux !
Je n'ai pas à choisir d'adoptants et je reconnais que c'est certainement compliqué ! Mais je commence à rencontrer de plus en plus de personnes qui me disent s'être tournées vers des éleveurs parce que la SPA leur avait refusé une adoption !
D'autre part leur choix n'est pas infaillible puisque Diego est revenu (avec la particularité de mordre alors qu'il ne mordait pas avant son départ ). La semaine dernière c'est un petit chien blanc de moins de dix kilos qui est revenu parce qu'il avait pincé !

Le comportement de Marley a évolué très vite et dans le bon sens!
Ce petit futé s'est transformé en pot de glu et manoeuvre pour se faire une place au soleil, collé/serré à moi.
J'observe avec amusement ses tentatives de me manipuler en pensant très fort "Si tu savais que tu n'es pas le premier à tenter de me faire ce coup là!".  

J'ai contacté son ancienne maîtresse pour lui proposer de continuer à prendre en charge son chien jusqu'à l'adoption.
Elle m'a dit être très heureuse de ma proposition et l'accepter avec joie, préférant le savoir à mes cotés avec des copains plutôt qu'enfermé dans un box toute la journée.
Alors, heureuse, Carole ?  

Ton analyse à propos d'Allondans reprend ce que beaucoup d'adoptants qui arrivent à l'ADSA me déclarent, à savoir avoir été rejetés pour des raisons qu'ils ne s'expliquent pas ou ne comprennent pas.
Le point fort que retiennent ceux qui me rencontrent est qu'ils se sentent écoutés et ont le sentiment que je m'efforce de faire du sur mesures.

Cette situation n'est pas nouvelle puisque si je suis là où je suis aujourd'hui, c'est que j'ai connu, il y a 20 ans, le même traitement (voire pire puisque la présidente de l'époque m'a rattrapé au moment où je partais avec un chien et a déchiré le contrat d'adoption au seul motif que je n'étais pas retraité). C'est un salarié qui m'a passé en douce les coordonnées de Tata et m'a ainsi fait entrer dans la vie de l'ADSA.

Et là où le destin est facétieux, c'est que la dite présidente d'Allondans m'a proposé de prendre sa place quand elle a pris sa retraite!  

A contrario, il est certain que la "petite gueule d'amour" de Marley va attirer beaucoup de candidats et que je vais me montrer très sélectif, comme d'hab.  

Ouiiii ! Je suis bien contente pour Marley.
Les salariés et bénévoles de la SPA sont dévoués et les chiens sont bien traités seul leur politique de placement ne me convient pas. J'ai connu un jeune homme qui aurait aimé prendre le malinois dont je m'occupe et il n'a pas été retenu alors qu'il venait de perdre sa chienne berger allemand, il était calme et déterminé, le chien le suivait avec plaisir. Le problème est que dans le couple, l'un des deux était au chômage et quand il aurait du travail il n'aurait plus le temps de s'occuper du chien !

Moi, j'ai connu tata grâce à la SPA aussi, il ne voulait pas me donner les chiens que je choisissais et celui qu'il voulait me donner était un mâle de 9 ans type dogue. Mes enfants étaient petits et je trouvais dangereux de mettre un chien âgé avec des enfants, d'autre part je venais de faire euthanasier ma chienne et ne voulais pas revivre ça trop rapidement !
Du coup je me suis tournée vers l'ADSA et je n'ai pas regretté : Jacqueline disait toujours :" Essayez ! si ça ne va pas vous le ramenez ! "
Et la magie de la vie a fait le reste !

Il est vrai que, dans le contexte économique actuel, il n'est pas évident de confier un chien, voire un chiot, à un jeune en recherche d'emploi ou qui survit entre les aides sociales et les CDD épisodiques.

J'ai beaucoup de compassion pour cette génération qui, malgré les difficultés à trouver sa place dans la société, a des rêves légitimes de maison avec famille et jardin et a le sentiment de faire un premier pas dans cette direction en adoptant un chien.
Il n'est pas facile d'opposer un refus, même argumenté, à quelqu'un qui tente de déployer ses ailes sur le chemin de la vie.

Marley se révèle un super compagnon.

Comme j'ai eu l'occasion de le dire à son ancienne maîtresse hier: "Le Marley que vous m'avez décrit m'est totalement inconnu!".

Désormais géré sans laisse (sauf bien sûr quand il y a de la circulation automobile à proximité), je peux emmener ce joyeux compagnon partout avec moi.

Son intelligence est remarquable et il sait parfaitement se faire comprendre.
Pour exemple, hier , séance vaccination (depuis l'âge de ses 2 mois, il n'y était pas retourné puisque réputé ingérable, intransportable, inshampoinable, insupportable, invivable ...).
Marley saute sur la table d'examen à ma demande. 15 kilos sur la balance. Le temps de l'ausculter, tout va bien; Marley accepte toutes les manipulations sans rechigner.

Le temps de préparer la seringue des vaccins, Marley montre les premiers signes d'impatience et saute de la table d'examen, se poste devant moi, capte mon regard et tourne la tête en regardant ostensiblement la laisse, posée sur le bureau du vétérinaire. "Bon, on y va ?". Devant mon absence de réaction, il réitère la manoeuvre en la ponctuant de petits coups de langue furtifs sur ma main.

En prenant connaissance des documents rédigés par le vétérinaire qui l'a identifié (je n'en avais pas encore pris connaissance puisque je savais que tout était à refaire), je découvre une petite annotation "deux testicules ectopiques"! Un, cela arrive (voir Faolan), mais deux! Coup de fil à son ancienne propriétaire: elle le sait, mais n'a rien fait puisqu'on lui a dit (quand il avait 2 mois!) que l'opération n'était pas urgente! Oui, mais 4 ans plus tard, ça le devient...

Il va donc falloir programmer la recherche des deux coucougnettes perdues quelque part dans la cavité abdominale avant la formation de tumeurs.
C'est (peut-être) une chance pour lui d'être passé par l'ADSA car il y aurait eu (peut-être) le risque qu'Allondans ne s'en rende pas compte.

Nous aurons donc une période collerette pour le jeune homme. Contente, Bibi ?

contente pour la recherche des petites noisettes.....oui

mais la collerette....non