SULTAN est un jeune mâle croisé Border Collie x Montagne Pyrénées, âgé de 8 mois.
J'ai une pensée pour sa mère car c'est elle le Border...J'imagine le tableau!
Le gabarit de Sultan est celui du Border et j'estime son poids actuel entre 18 et 20 kilos.
"Dernier de la portée" à ne pas avoir trouvé preneur, son maître, totalement béotien en matière canine, l'a adopté "pour rendre service".
Et le hic est apparu très tôt car, dès l'âge de 3 mois, il lui fut impossible d'approcher suffisamment Sultan pour lui mettre un collier et encore moins une laisse. J'ai rapidement compris que la peur de la morsure avait paralysé ce monsieur qui a donc laissé la vie de son chien suivre son cours sans le moindre cadrage.
Sultan a donc grandi en quasi totale indépendance, vivant dans une petite cour à l'extérieur et ne posant les pattes dans la véranda de la maison qu'exceptionnellement et pour de courtes visites chez celui qu'il considère comme un voisin bienveillant, même s'il se méfie quand même de lui.
Comme la nourriture était mise en permanence à sa disposition à l'extérieur, ce fut une cohabitation paisible "chacun chez soi" pendant les cinq derniers mois.
Mais, grandissant en gabarit et entrant en adolescence, Sultan a naturellement montré des velléités d'aller voir plus loin ce qui pourrait s'y passer.
Quand on ne connaît rien d'autre qu'une petite cour et une véranda, le monde extérieur devient vite une source de panique intarissable, une fois qu'on a sauté le grillage.
Heureusement retrouvé sans dommages, Sultan a accepté de suivre son maître et a rejoint le territoire qui lui est familier, mais la poussière accumulée sous le tapis déborde.
Que faire, se dit son maître, sinon un constat d'échec et programmer un abandon dans les meilleures conditions ?
Par bonheur, m'ayant contacté dans cette perspective, j'ai pu lui proposer de travailler sous ma direction sur la relation avec Sultan, avec pour but final qu'il puisse le garder auprès de lui.
Une première rencontre avec Sultan m'a fait découvrir un chien plutôt terrorisé par tout ce qui lui est inconnu qu'un fort caractère en rébellion contre l'autorité.
Après quelques instants, constatant que les premiers contacts physiques avec lui étaient trop furtifs pour avoir le temps matériel de lui mettre un collier, je pris le parti de l'attirer dans la véranda au moyen d'un artifice bien supérieur à une banale friandise: une superbe copine!
Revenu sur place en compagnie de Maya, je n'eus aucun mal à l'enfermer dans la véranda, tout occupé qu'il était à faire sa cour à la belle inconnue.
Quelques tentatives infructueuses plus tard de lui passer un noeud coulant autour du cou, je parvins à mes fins et pu, après avoir rassuré le bronco qui se sentait pris au piège, lui mettre un collier.
Collier auquel j'attachais une courte chaîne, longue de 3 mètres, impossible à sectionner d'un coup de croc et permettant, en posant le pied dessus, de récupérer à tout coup le fugitif. Je précise que bien sûr la chaîne traîne sur le sol et n'empêche pas Sultan de vivre et se déplacer comme il en a l'habitude.
Programme pour son maître (qui est un retraité disponible):> progressivement multiplier au cours de la journée les interactions et les situations de rappel en facilitant l'exécution de l'ordre en exerçant une légère traction sur la chaîne. Ce faisant, parler sur un ton joyeux et encourageant pour rassurer Sultan.
> tout autant progressivement, lui faire découvrir des lieux et situations nouvelles du monde extérieur, en utilisant la laisse à enrouleur qui permet au chien de choisir la distance de confort par rapport à son maître, tout en lui autorisant une certaine liberté, et bien sûr en respectant sa sécurité.
Pour ces deux axes de travail, je lui ai fait une première démonstration.
Pour la partie promenade, il a pu ainsi découvrir qu'un chien qui part en courant arrache sans effort des mains de son maître la laisse. Heureusement, après dix minutes de travaux d'approche, il a réussi à poser le pied sur le boitier et à reprendre le contrôle. C'est ce qu'on appelle l'expérience.
J'ai eu une frayeur, en arrivant un matin, car la chaîne ne pendait plus au collier.
Son maître l'avait décrochée et bien sûr avait réalisé à quel point il était désormais incapable d'approcher suffisamment son chien pour la rattacher, ne serait-ce que paralysé par sa peur d'être mordu.
Cela m'a donné l'occasion de tester le niveau de dangerosité potentielle de Sultan. Ayant réussi à l'attraper par surprise par le collier, j'ai pu fixer à nouveau la chaîne et constater que, même envahi par la panique, il n'a à aucun moment essayé de me mordre pour se dégager de mon emprise: un bon point pour lui!