TRIUMPH, croisé "porte et fenêtre" 3 ans

TRIUMPH appartenait à un SDF qui, la mort dans l'âme, s'est vu contraint d'abandonner son chien s'il voulait que lui soit attribué un logement.

Sociable avec humains, congénères et chats, TRIUMPH se montre d'emblée un brave toutou qui ne nécessite qu'un cadrage de base.

Une fois qu'il aura appris à obéir sereinement, sans même se poser la question, et à rester seul sans son maître, sans aboyer sans cesse (angoisse de séparation bien installée), TRIUMPH fera un candidat parfait à l'adoption.

coucou

excuse ma question très bête mais tu sais aussi bien que moi qu'un chien ne peut être refusé par un bailleur,

donc pourquoi n'a-t-il pas pu garder son compagnon ? et au pire, ne pourrait-il pas le récupérer une fois dans ses murs ?

Bonjour,
La situation a été résumée à juste titre car ce n'est pas forcément la peine de faire un roman, mais elle est plus compliquée que ça en vérité.

L'ancien papa de Triumph n'est en fait plus SDF depuis plusieurs années mais en logement social, un studio très petit.
Le chien aboyait beaucoup quand le proprio partait bosser (son trauma d'abandon) et on a déjà menacé son proprio plusieurs fois après des plaintes dans l'immeuble "cage à lapins" d'Habitat 25 pour ne pas les nommer, de faire saisir l'animal.
Des voisins bien intentionné ont prétendu qu'il était maltraité alors que je connais mon ami par coeur, quitte à se cailler les miches même en plein hiver le chien courait une heure le matin et une heure le soir (quand il bossait) et quand il ne bossait pas c'étaient de très grandes balades quotidiennes.

Arrivant en fins de droit de chômage et à cause de son age ne trouvant plus d'emploi stable, il a beaucoup travaillé au black et là il est au pied du mur, il lui faut rebosser coûte que coûte. Il a presque 60 ans, je pense que tout le monde sait combien il est dur de trouver de l'embauche à cet age.
Il va probablement être amené à travailler en déplacement.
On ajoute ça à une réfection de l'immeuble qui l'amène à être relogé dans un appartement neuf où il ne peut risquer le moindre dégât.

Vous obtenez un beau cocktail social déplorable qui fait que n'ayant (a priori) aucune autre solution de logement autre que la cage à lapins, et ayant connu la rue, les caravanes mal chauffées et deux incendies par le passé à cause de bougies car il n'avait plus l'électricité, il crève de peur d'être sorti du réseau "logement social" d'une part, et ensuite il n'a aucun moyen de savoir où il va financièrement.
Donc il a préféré confier son chien et je me suis décarcassée plusieurs semaines, avant de trouver l'ADSA que je remercie infiniment.

On pourrait rétorquer que des logements petits mais de plain pied existent, mais il faudrait un cautionnaire et tout ceci est trop compliqué pour son esprit en ce moment, il lui faut bosser, c'est tout ce qu'il voit.
J'ai tout fait pour le chien, le bonhomme est un ami, mais à un moment j'ai aussi du boulot et ma barque à mener......

Bonjour Laurette.

de ton inscription sur le forum et de ton engagement pour Triumph.

Triumph est très intelligent et a su très vite s'adapter à sa nouvelle vie.

La première étape pour moi a été de lui "imposer" le fait de vivre en n'étant plus en permanence collé à son maître.
Après une première soirée et nuit ponctuées d'aboiements de protestation, j'ai réussi à le faire capituler et obtenir son allégeance. Comme je te l'avais dit, je préfère tabler sur la relation et la reconnaissance de mon autorité de chef de meute, plutôt que d'avoir recours à des artifices, du type collier anti-aboiements, qui ne font que remettre la poussière sous le tapis. Une clef fondamentale pour résoudre bien des situations est la perception par le chien de ta détermination.

En ce qui concerne ses congénères, de mon point de vue, tout se déroule "logiquement" du point de vue canin: recomposition de la hiérarchie de la meute, avec son incontournable lot d'intimidations réciproques entre congénères, suivies, si insuffisantes pour régler le conflit, de coups de crocs, plus ou moins appuyés, dans les oreilles ou sur la nuque, voire la gorge de l'adversaire. L'hémoglobine est au rendez-vous quand aucun n'accepte de se soumettre: c'est la règle imposée par le code social canin. Ne t'en fais pas, je veille et sais intervenir suffisamment tôt pour limiter les dégâts (en tout cas, je l'espère!).

Quelques petits recadrages de principe au départ administrés par Clarck (le chien blanc) sur le thème des bonnes pratiques dans une meute: des révisions de base imposées par le retour dans une vie en collectivité, un peu oubliées par défaut de pratique depuis qu'il a quitté sa nichée.
Même s'il a été en contact régulier avec des congénères depuis, il ne vivait pas dans une meute constituée.

Après deux jours d'intenses "bras de fer", c'est avec Lary, le malinois que le torchon brûle.
Les deux centrent leur univers sur moi et je dois peser et soupeser toutes mes interactions avec eux car mon attention constitue l'enjeu suprême.
Si je parle à l'un, l'autre se tend instantanément, prêt à tirer la couverture à lui. Impossible pour moi à ce stade de dispenser la moindre caresse qui mettrait immédiatement le feu aux poudres!
Même une simple réprimande verbale adressée à l'un est perçue par l'autre comme l'opportunité de briller à mes yeux: "il a fait une connerie! Je t'aide à le punir et dis-moi que tu m'aimes et que tu me préfères à lui!".

Il me faut donc gérer cette période transitoire avec circonspection.
C'est l'avenir et pas moi qui choisira le "vainqueur". A moi de faire en sorte de limiter la casse et les oreilles percées ou déchirées, tout en permettant à chacun de trouver une place la plus sereine possible dans une meute qui aura retrouvé son équilibre.
L'un et l'autre sont des pépères câlins qui se montrent volontaires et très possessifs en n'hésitant pas à mettre tous leurs atouts dans la balance.

C'est la réalité du monde canin, à des années lumière des Bisounours ou de la Belle et le Clochard. N'est-ce-pas, Bibi?

A suivre!

je confirme que le monde canin n'est pas souvent BISOUNOURS

même si de mon côté, avec mes pensions j'ai très très peu de heurts

seul un de mes pensionnaires déclenche de temps en temps une "remise en place" .................ouf je préfère

Vu que Triumph était le roi du monde avec son papa, je ne suis qu'à moitié étonnée, mais surtout ennuyée que ça mette le bintz dans la belle équipe...
Bon du coup je vois que ça ne va pas être aussi simple qu'on aurait pu l'espérer après les présentations, et je t'en remercie encore 10 fois plus Tankasacha....

Je suivrai les nouvelles avec grand intérêt. Et je continuerai à parler de lui autour de moi pour une éventuelle adoption, dès que tu auras recadré son caractère si c'est imaginable (je parie que oui mais apparemment ça va pas être de tout repos....)

Ce n'est pas une question de (mauvais) caractère.

Il est totalement logique et incontournable qu'il veuille se faire une place dans sa nouvelle "meute" et tant qu'à faire, prendre la plus haute possible dans la hiérarchie.

Comme la place du chef n'est pas, à ce jour, en jeu , il s'attaque évidemment à celui qu'il sent le plus "polarisé" sur moi.

Triumph est un chien normal.

Chez ma fille, il est tombé, pour les mêmes raisons, sur un gros os car Sultan (voir son post) se montre très possessif vis à vis de moi depuis son sauvetage et a, aidé par sa carrure d'Amstaff bodybuildé, viré brutalement Triumph dès qu'il s'est approché de moi.
J'ai eu à peine le temps de sauver les fesses de Triumph. Je n'avais jamais vu Sultan aussi agressif vis à vis d'un congénère. "Le Papi, il est à moi et rien qu'à moi! ".

Le plus ennuyé, c'est Lary qui a pris un bien mauvais coup de croc sur l'oreille gauche qui était déjà rabattue, suite à une maltraitance antérieure à son sauvetage. Il suffit de reprendre les posts consacrés à Victhor ou à Pacha pour voir combien Lary a pu souffrir l'an passé des attaques de ses congénères dévorés d'ambition et du désir d'être mon favori.

Le monde animal est "sans pitié" et tout jugement moral anthropomorphique est déplacé, car c'est totalement logique du point de vue de la sélection, garante de la survie de l'espèce.

Un chien n'est ni "gentil", ni "méchant".
En tout cas plus que le méchant chat qui attrape la "pauvre" souris!

Ho loin de moi cette idée !!!!
Je n'ai pas du tout votre expérience à tous mais une des minettes qui vit chez moi, je l'ai récupérée car sa maîtresse l'avait virée de chez elle à cause de ce stupide et stupéfiant anthropomorphisme.

Cette pauvre chatte avait habité chez eux plusieurs années, chouchoute de leur fille d'ailleurs, avec qui elle dormait, et la voisine à l'époque ne stérilisait pas ses chats. (Là c'est pilule on sait que c'est une grosse bêtise mais bon je suis philosophe il vaut mieux ça que les myriades de bestioles des années d'alors).

Elle avait, la minette, déjà eu des petits fin de l'hiver, puis en été ! C'était sa troisième portée surprise on était vers Noël, et à la deuxième j'avais trouvé qu'elle n'était déjà pas en forme. Là, elle devenait maigre et épuisée. Un beau jour elle a apporté ses petits à sa maîtresse, elle n'avait même plus de lait....

Cette femme qui pourtant est cultivée mais qui a elle-même été abandonnée par sa mère, a accusé la pauvre minette de tous les maux, la traitant de noms fort peu polis, (devant sa gamine qui l'adorait au passage), et la virant définitivement ne la laissant plus entrer, en plein départ d'hiver rigoureux cette année-là, et amaigrie à un point qu'elle allait en crever.

Bon, ben je l'ai prise chez nous... Et stérilisée... Dix ans plus tard elle en a environ 14 et ça se passe assez bien sur son coussin.

J'étais juste, Tankasacha, désolée du surcroit de travail.
Et voilà que maintenant je suis emm***dée pour l'oreille de Lary !!!!!
Je referai un petit don le mois prochain pour les soins à cause de Triumph !

Il n'y a pas à être désolée! Surtout pas!

Ce n'est déjà pas pour moi un "travail", mais un choix personnel d'investir le temps que la retraite me procure dans une activité de protection animale qui me permet, à mon humble petit niveau, d'apporter un peu de mieux-être dans ce "monde de brutes", si déconnecté de la réalité de l'espèce canine.

L'énorme avantage est que, grâce à l'incroyable capacité de résilience animale, les résultats sont bien souvent aussi rapidement obtenus que spectaculaires. Mon choix de faire vivre mes protégés, non pas séparés par les barreaux d'une cage, mais en meute, présente, selon moi, d'indéniables avantages. Le pouvoir restructurant de la vie "en collectivité" constitue un outil majeur pour mettre ou remettre un toutou bien "sur ses pattes" et dans sa tête.

Il est évidemment impossible de faire l'économie de conflits potentiels entre congénères. Les chiens n'en viennent à des séquences très agressives que si aucun des protagonistes ne se soumet. C'est la dernière option pour eux, après plusieurs tentatives d'intimidations ou d'apaisement par mimiques faciales et/ou postures.

Avec le pouvoir vulnérant de leurs crocs, il est certain qu'un simple coup "mal" placé (ils savent où frapper!) peut avoir des conséquences sérieuses. On ne peut éluder ces étapes qui vont permettre à la hiérarchie de se recomposer.
L'équilibre social de la meute n'est pas statique, mais dynamique. A chaque seconde, des messages fusent en tous sens entre les congénères et leur résultante se traduit dans les comportements de chacun à l'instant présent, sans pouvoir totalement préjuger de ce qui pourrait se passer juste après.

Mon rôle est de superviser tout ça et de surtout anticiper les toujours potentielles mises à mort de l'ensemble de la meute sur un seul qui, à ce moment, aura joué la mauvaise carte.

D'une manière générale, je considère qu'il n'y a pas de véritable fautif, hors moi. Bien sûr, j'interviens et sépare les protagonistes, mais, si je veux être à la hauteur de mon poste de chef de meute, je me dois d'anticiper les comportements de chacun.

Dans ce cas précis, la bagarre entre Triumph et Lary s'est produite alors que je circulais, avec toute la meute, de nuit et dans une circulation intense. Difficile pour moi de me garer instantanément sur le bas-coté, d'identifier au plus vite les protagonistes et de les séparer dans l'obscurité totale... Le temps d'intervenir et l'oreille de Lary avait payé le prix du conflit social du jour...

Le point positif est que Lary, physiquement diminué, a intégré (pour l'instant) qu'il n'avait plus intérêt à systématiquement répondre à toutes les provocations de Triumph, sachant que, dans le même temps, je renvoie fermement Triumph dans ses buts dès qu'il cherche (logiquement) à pousser plus loin et confirmer l'avantage qu'il pense avoir acquis.

Comme dans la société humaine, la paix sociale ne peut exister, malgré les incontournables rapports de force que si les forces chargées du maintien de l'ordre sont présentes et crédibles.

C'est officiel: Lary a changé de coupe.
Lui, qui avait la raie légèrement décalée, la porte désormais définitivement sur le coté...

Rassure-toi, Laurette: ce n'est qu'un préjudice esthétique qui lui donne un air faussement penaud.

Triumph a vraisemblablement tenu dans sa gueule l'oreille qu'il avait mordue et tiré dessus au point de casser le cartilage qui était déjà affaibli, suite à un traumatisme datant désormais de plusieurs années.

Un peu de fièvre, un traitement antibiotique et des soins locaux et, dans une semaine, le nouveau look "gueule cassée" s'imposera à mon Riri que j'aimerai toujours aussi fort.

On a beau être philosophe, je suis bien ennuyée quand même.
Je tiendrai promesse pour le mois prochain.

Ce n'est pas pour moi, à proprement parler, une question de philosophie.

Il s'agit d'accepter le code social canin tel qu'il est en réalité, avec ses règles de fonctionnement spécifiques, règles qu'il serait illusoire de vouloir changer puisqu'elles sont gravées dans leurs gènes.

Triumph pèse 24,2 kg, est identifié, qualifié de "croisé" et sera stérilisé le 29 courant.

Génial !
Je ne vais pas discuter le vocabulaire technique ^^
Je suis une "comédienne" et une médiéviste, je ne parle pas pareil sur les mêmes sujets, mais je pense les mêmes choses que toi en gros.
Et ça ne m'empêche pas d'être emm*** pour l'oreille de Lary, code social ou non :D

Mais je suis sûre que ça lui donnera un look de bandit qui lui ira tout aussi bien que son oreille cassée.
Super, merci pour les démarches pour Triumph !
Ça avance à grands pas !

Les interactions incessantes au sein de la meute font évoluer sans cesse la situation et l'équilibre dynamique de la hiérarchie.

Dernier scoop people du refuge: Triumph et Ninja sont en couple et dorment dans le même panier, collés l'un à l'autre.

Le revers de la médaille est qu'en conséquence Ninja, la tornade, qui est toujours à stimuler tel ou tel, est possessivement couvée du regard par Triumph.

Un rien suffit donc à mettre le feu aux poudres: "Pas touche! Elle est à moi!". Et tout se déroule très vite!
(Ah! Les femmes! )

Ninja s'est approchée de Lary et, comme le font souvent les chiens quand un congénère est blessé, a commencé à lécher l'oreille de Lary.
Furieux, Triumph a aussitôt défendu son statut qu'il percevait comme remis en cause, en tentant de soumettre Lary en le chevauchant par l'arrière et en lui mordant le cou.
De la voix, j'ai aussitôt encouragé Lary à garder son calme et a accepter provisoirement l'outrage. Ce qu'il a fait pendant quelques secondes.

Triumph, encouragé par l'apparente passivité de Lary, a redoublé d'efforts dans son opération "démonstration de force", jusqu'au moment où Clarck, qui avait bien compris que la situation ne me convenait pas, a bondi sur Triumph pour le réprimander fermement.
Triumph, la tête bloquée dans la gueule de Clarck, s'est alors immobilisé et soumis.

Aucune plaie n'a été infligée à Triumph: Clarck maîtrise parfaitement l'opération CRS et serre sa mâchoire à la pression nécessaire et suffisante pour bloquer sans blesser. Le stade de la punition avec séquelles physiques n'était pas encore atteint: il s'agissait uniquement d'un très ferme avertissement. "Arrête tes conn....., sinon ...!".

Triumph, stoppé dans son élan et surpris par cette attaque, prend quelques secondes pour recouvrer ses esprits et ... se jette à nouveau sur Lary!

Lary qui, cette fois, avait tous ses sens aux aguets et n'a donc pas été pris par surprise. Furieux!  
Ce qui lui a permis d'immédiatement prendre le dessus, de mordre (sans grandes conséquences: juste un peu d'hémoglobine...) les deux oreilles de Triumph pour finalement le retourner sur le dos.

Triumph, se débattant les quatre pattes en l'air, Lary saisissait ce qui se trouvait à portée de gueule et, dans les quelques secondes qui m'ont été nécessaires pour stopper le pugilat, lui a écorché en trois endroits les coussinets des pattes arrière.
Et c'est pourquoi depuis hier, Triumph "marche sur des oeufs".
Pas de souci, Laurette, dans quelques jours, il n'y paraîtra plus. Il va guérir plus rapidement que Lary...

La love story prendra fin le 27, avec le départ de Ninja.