Grâce au régime spécial "tankasacha", Puccino prend du poids et du muscle à vue d'oeil.
Au point qu'une nouvelle séance pour des photos plus valorisantes est prévue dès mercredi prochain avec Clodine.
Le revers de la médaille est que cette pleine forme physique et psychique a pour conséquence inévitable que le beau mâle malinois se sente pousser des ailes, susceptibles de lui permettre de gravir rapidement les échelons du pouvoir...
Objectif N°1 : dégager Lary qui a l'outrecuidance de s'opposer à ses travaux de séduction auprès de la belle Maya.
Et c'est ainsi qu'à la première occasion, Puccino a attaqué Lary hier après-midi.
J'aurais pu, comme d'habitude, m'interposer et stopper le pugilat dès le départ, mais le petit c.. de Gibbs (qui est en conflit hiérarchique permanent avec Lary) s'est joint à la bagarre, en s'alliant avec Puccino.
Débat cornélien: qui préserver le premier des coups de crocs vengeurs de Lary ?
Le grand Malinois ou le petit Cairn Terrier ?
Ma décision fut instantanément prise.
Le temps qu'il m'a fallu pour éjecter du ring le petit opportuniste qui jouait avec sa vie, complètement inconscient du rapport de force totalement déséquilibré, a suffi pour que Lary puisse porter l'estocade sur Puccino : une grosse plaie, en arrière de l'oreille droite!
Puccino, totalement submergé par une marée d'adrénaline, se montrait très difficile à gérer. Survolté, dans un état second, il tirait sur sa laisse en tous sens.
Arrivé au cabinet véto, rien n'avait changé et le simple passage sur la balance fut déjà une partie de catch (29 kilos)!
Inenvisageable de poser de simples agrafes qui auraient suffi, il fallait le sédater pour faire des points de suture.
Et c'est là que la nature profonde de Puccino s'est révélée: un sacré battant!
Malgré plusieurs injections successives qui auraient permis d'endormir un cheval, Puccino luttait avec acharnement
pour ne pas s'endormir.
Au bord de l'arrêt respiratoire, la langue violette, totalement désorienté, chancelant sur le sol (car impossible de le maintenir sur la table d'opération), Puccino luttait inlassablement contre la drogue (kétamine).
Après une bonne demi-heure de tentatives de sédation infructueuses, il a fallu nous résoudre à le recoudre conscient.
Même en le bloquant et en tenant sa tête de toutes mes forces, il se débattait et le vétérinaire a eu bien du mal à passer son aiguille pour faire trois points sur un chien se cabrant comme un bronco de rodéo.
De retour à la maison, j'ai tenu Puccino, qui ne semblait pas très affecté par sa médication et volontiers agressif vis à vis de ses congénères, à l'écart.
Ce matin, son comportement à mon égard est habituel, mais j'ai compris qu'il serait désormais inenvisageable de le confronter à nouveau à Lary. Le contentieux est bien installé et la rage agressive de Puccino décuplée.
Je vais devoir gérer et, comme le port de collerette s'impose, que du bonheur !
Je comprends désormais mieux pourquoi Puccino s'était construit une réputation de dur à cuire à la SPA d'Allondans.
Sans doute encore stressé après sa chirurgie réparatrice des deux coups de couteau reçus et ne disposant pas de conditions matérielles adéquates à la construction d'un véritable équilibre, Puccino est sans doute apparu impressionnant aux yeux de certains.
Le portrait robot de son futur maître se précise: un cynophile averti, fermement et calmement cadrant et qui saura rassurer totalement ce brave toutou débordant d'énergie et écorché vif.
Devant la résistance qu'a opposée Puccino, le vétérinaire m'a confié "qu'il n'avait jamais vu ça!".
Assurément, un malinois à fort tempérament à ne pas confier au premier venu!